lundi 1 février 2016

Inked

Aujourd'hui, on va parler aiguilles et encre.

Je me suis fait faire mon premier tatouage. (*Cri de surprise de la foule*)

Comme ce n'est pas un geste anodin, et que je suis une fille très angoissée par la vie en général, tu imagines bien que c'était toute une aventure. Aventure que je vais donc te conter ici, assieds-toi, prend une tisane, c'est parti.



1. Avant (longtemps avant)
Il y a déjà plusieurs années, j'avais commencé à penser à me faire tatouer. Beaucoup de mes amis ont beaucoup de tatouages, ce n'est donc pas un univers inconnu pour moi. De plus, je travaille dans un secteur qui n'est pas très regardant sur ce genre de décorations corporelles, surtout actuellement où je travaille toute seule chez moi en mangeant des cookies, autant dire que je pourrais porter des plumes sur la tête et des strass dans les dents, personne ne le saurait. Bref, cette idée ne m'est pas venue d'un coup un soir de beuverie (je ne juge pas cela dit, il y a des gens qui ont des tatouages magnifiques fait sur des coups de tête). J'avais réfléchi à ce que je voudrais me faire tatouer, et depuis je n'ai jamais changé d'avis, je suis têtue. Une esperluette (le signe "&"), dans une typo ancienne, un peu ronde, qui fait des arabesques et en devient presque un tracé abstrait. Il n'y a pas de raison particulière, ni de symbole hyper profond derrière cette image, juste que j'aime beaucoup. Je savais aussi où je voulais le faire : sur l'intérieur du poignet gauche, face à moi. Il y a quelques années, j'avais même fait un essai au feutre noir, pour voir.

Où l'on voit que mes veines sont super visibles et ma peau translucide. (Photo de 2011)
Et donc tout était prêt dans ma tête. Le dessin, l'emplacement. Mais... Ben, un tatouage, quand même, c'est permanent, il faut être sûr de ne pas s'en lasser. Et puis ça doit faire mal. Toutes ces aiguilles... Et puis... Bon... C'est pas pressé, hein, une fois que c'est fait c'est là pour la vie donc pas besoin de se précipiter.

Et donc les années passèrent. (Mes couleurs de cheveux aussi, car ça, au moins, ça se change relativement facilement.)



2. Avant (juste avant)
Il se trouve que j'ai un ami (coucou Maxence !) dont le métier est de tatouer des gens. Dans un salon de tatouage. Donc bon, l'occasion fait le larron, j'ai envie de dire. Mon copain en était déjà à son 3e tatouage et avait décidé d'en faire un 4e, sur la jambe cette fois-ci. J'avais déjà parlé avec Maxence du tatouage que je voulais depuis longtemps, et il m'avait dit "Quand tu veux, pas de souci". Et à chaque fois je répondais "Ouais, ouais, la prochaine fois". Parce que je suis une froussarde, comme tu le sais.

Mais là, à force, j'ai pris mon courage à deux mains et j'ai demandé si je pouvais venir après mon copain. Je lui ai envoyé le tracé exact que je voulais, et j'ai commencé à flipper comme pas permis.

Bizarrement, ce n'était pas tellement les aiguilles ou le truc qui dure toute la vie qui m'inquiétaient. C'était, comme toujours, l'inconnu. J'ai beaucoup de mal avec l'inconnu. La dernière fois, j'ai repoussé pendant 36h un coup de fil important que je devais passer, pour la simple raison que je n'avais jamais appelé cet interlocuteur avant et que donc j'avais peur (de quoi ? Impossible à dire. Probablement de mourir d'une crise cardiaque en balbutiant "Alloooo"). Quand je dois aller dans des endroits que je ne connais pas, je regarde 12 fois le plan pour y aller, je vérifie sur Street-View les lieux pour repérer la devanture si c'est un bar par exemple, je demande 26 fois aux gens que je dois rejoindre s'ils y sont déjà. Quand un médecin doit me faire un acte médical, je lui demande de tout me décrire avant de faire quoi que ce soit. A chaque fois, dans ces situations, j'ai les mains moites, la gorge qui tremble légèrement, l'impression que le sol va s'effondrer sous mes pieds, que je vais ou vomir ou m'évanouir ou les deux, le coeur en tachycardie, et les tempes qui vibrent. Bref, j'ai du mal avec les trucs nouveaux. Donc autant te dire qu'un salon de tatouage (lieu inconnu), pour se faire tatouer (action inconnue, potentiellement douloureuse), même par un pote (personne connue), ça reste COMPLETEMENT DINGO. Mais bon, au final, j'appelle des gens quand j'y suis obligée, je découvre de nouveaux bars et je me fais soigner régulièrement par le corps médical, donc, à un moment, hein, faut pas trop écouter ses angoisses abruties.

Moi devant environ 90% des interactions sociales de la vie de tous les jours.


Donc le matin même, je prends le bus avec l'estomac plus du tout relié à mon corps, en me répétant "Au pire je pars en m'excusant platement" (meilleur plan B, marche en toute occasion). J'arrive au salon, et assiste à la fin du tatouage de mon copain. Il se fait faire un truc assez grand sur la jambe, c'est long, et douloureux. Le bruit de la machine à tatouer est insupportable pour mes oreilles angoissées. On dirait une roulette de dentiste en pire. Je me dis que ça va pas le faire, que je vais partir discrètement, que ça fera une histoire rigolote à raconter, tu te souviens la fois où je me suis pas fait tatouer haha ? Mais bon, je reste. Avec un peu de chance, le tatouage de mon copain prendra trop de temps, et il n'y aura plus de temps pour le mien. Héhé. J'en profite pour regarder de près le processus, les aiguilles qui rentrent dans la peau, les petits pots d'encre, les trucs stériles partout… Ca me rassure de voir comment on fait.

Finalement, si, il restait du temps. Maxence imprime mon dessin, vérifie la taille, me demande si ça me convient, le redessine sur du papier transfert. (Pendant que mon corps continue de divaguer).

Le mien est en bas à gauche. Le cactus à côté, c'est celui que mon copain a fait sur sa jambe.
On va pas gâcher du papier transfert quand même !

Comme on en avait déjà parlé, j'avais un peu modifié la taille et l'emplacement que je voulais à la base il y a 120 ans, pour des raisons purement esthétiques et pratiques : un peu plus bas sur le poignet pour ne pas se retrouver au milieu de toutes mes veines très apparentes, un peu plus gros qu'initialement, pour que le trait soit bien précis et élégant. Il me fait le transfert sur le bras, et me dit d'aller voir dans le miroir, de me balader avec pour voir si ça me va. Vu l'emplacement (l'intérieur du poignet), en fait on le voit à peine quand je me tiens normalement.
Je valide, et Maxence m'installe sur la chaise de torture.


3. Pendant
Me voilà donc allongée sur une table matelassée, avec le bras (préalablement désinfecté) posé sur un accoudoir recouvert de papier film (l'hygiène, tout ça), des sangliers dans l'estomac et l'impression que je vais vomir sur mon tatoueur. J'ai demandé si on pouvait me sangler sur la table mais apparemment ce n'est pas prévu. La bassine pour vomir non plus. Entre temps mon copain a dû partir à un rdv, heureusement un autre ami (lui aussi déjà tatoué, coucou Joseph) est là et tous deux me rassurent : ça va prendre 5 minutes, tout va bien se passer. Maxence m'explique tous ses instruments, ce qu'il prépare. Puis il me fait un essai "a vide", c'est à dire un trait avec les aiguilles mais sans encre, pour que je puisse ressentir ce que ça fait avant de commencer véritablement. D'ailleurs j'ai regardé les aiguilles et les machines de près, c'est assez petit en fait, pas du tout aussi flippant qu'une prise de sang. Sur certaines il y a plusieurs aiguilles les unes à côté des autres, pour faire des effets de tracés. Je tourne la tête de l'autre côté et serre les dents, prête à hurler et me barrer en courant. En fait ça fait... heu... pas grand chose. Ce n'est pas agréable, mais ce n'est pas atroce non plus. Ca me rappelle un peu quand mon chat me griffe à fond les bras. Ou alors un tout petit épilateur électrique un peu puissant. Ca picote et ça chauffe un peu, mais ce n'est pas très inquiétant. Il y a juste ce bruit qui me stresse encore un peu. Je regarde mon poignet et demande sur quelle distance il a tracé son trait fantôme, pour estimer si je peux supporter ça tout du long. Je dis banco. Et c'est parti.

Au premier trait, mon coeur s'envole un peu et je serre la main de Joseph au cas où. Mais en fait ça va. Sur certains endroits, ça se sent un peu plus. A un moment, je demande d'arrêter pour regarder où ça en est (parce que je n'ose pas regarder pendant). Tout le contour est fait, reste plus qu'à colorier l'intérieur. Je me réinstalle.

Le coloriage, donc.

J'essayais de sourire, ce fut un échec.
Mais sachez que mon visage ne reflète pas vraiment ce que je ressentais.

Et puis c'est fini. Ca a été très rapide (5/10 minutes je dirais). Maxence regarde, et me dit qu'il va repasser sur certains endroits pour que le trait soit bien net. Je grimace un peu, mais ça prend une minute. Et puis c'est vraiment fini !

Tadaaaaaa !
4. Après
Maxence me met un soin, enveloppe le tout, et me fait la liste des précautions à prendre pendant la cicatrisation, des crèmes et soins à apporter chaque jour à la peau pour que tout se passe bien. Ma peau commence à chauffer, ça gonfle un peu (normal, c'est quand même une sacrée agression de la peau) et j'ai un peu la tête qui tourne, parce que la pression retombe d'un coup.
Et je rentre chez moi, avec mon dessin sur le bras, enfin.

Maintenant reste plus qu'à attendre que ça croûte (miam), que ça cicatrise bien, et puis bah… le regarder chaque jour :)


mercredi 4 novembre 2015

Page 189

A côté de chez moi, il y a une librairie très mignonne avec plein de bons choix. Et un gros chat gris, qui habite là, et est un peu la mascotte du quartier. Ce soir, j'ai vu une petite fille venir lui dire bonjour.


jeudi 22 octobre 2015

Ik spreek Nederlands

En ce moment, j'apprends le néerlandais.

En général, quand je dis ça aux gens, la première réaction c'est "Mais pourquoi ?" ou "Et pourquoi pas [insérer ici une autre langue] ?". Donc explications.

Déjà, j'adore apprendre des langues étrangères. Si j'avais plein d'argent et plein de temps, j'apprendrais plein de langues. Mais comme je n'ai ni l'un, ni l'autre, je me modère.

Tout a commencé il y a moult années, quand j'ai découvert l'anglais. Une autre langue, si proche, déjà si présente partout, c'était comme déchiffrer un code secret et enfin comprendre plein de trucs. J'ai appris l'anglais de deux façons diamétralement opposées : en regardant Friends et Ab Fab en VOST, et en lisant des livres de Jacqueline Wilson en anglais (je ne vais pas m'appesantir sur l'apprentissage de l'anglais au collège en France, mais disons que c'est pas là que j'ai fait mes armes).

Les séries, donc. Je faisais partie de ces enfants nantis qui avaient le cable, et donc Canal Jimmy. Et le soir, il y avait Friends ou Ab Fab en version originale sous-titrée, selon l'heure, et je regardais les deux, parce que les deux étaient des super séries que mes parents regardaient. En vrai, au début, j'avais pas trop le droit de regarder Ab Fab parce que c'était pas trop pour les enfants, mais bon, hein. Donc mon oreille et mon vocabulaire se sont fait les dents sur ces deux séries assez différentes, et pendant un certain temps j'ai parlé un anglais très étrange, mélange d'anglais américain et britannique.

Et les livres, parallèlement. Très tôt, mon père m'a fait découvrir la librairie anglaise W.H.Smith à Paris (qui avait l'avantage d'être ouverte le dimanche, et donc un bon point du chute pour les jours d'ennui), puis la librairie Shakespeare & Co (idem). Au début j'ai donc fait l'acquisition de BDs de Garfield en anglais, puis de tous les livres de Jacqueline Wilson. Et maintenant je ne lis plus qu'en anglais.

BREF. J'ai adoré apprendre l'anglais. Pouvoir lire, entendre, tout un autre univers. Ne pas attendre que les Harry Potter soient traduits en français. Regarder des films américains sans sous-titres. Penser dans une autre langue que la mienne, avoir un autre univers.

Ensuite, je me suis intéressée au japonais. Ironiquement, j'ai fait tout mon collège et mon lycée dans un établissement qui enseignait cette langue, et je ne m'y suis penchée qu'après mon bac. J'aimais la culture (enfin, le peu que j'en connaissais à l'époque), et je voulais lire des mangas en VO. J'ai donc acheté plein de livres pour enfants en japonais, et je me suis inscrite à des cours. En quelques années, j'ai appris de quoi basiquement me débrouiller et déchiffrer des trucs. Vite fait. Mes 3 voyages au Japon ont été très intéressants et m'ont permis de pratiquer un peu mes connaissances. Je n'ai toujours qu'un niveau très basique, mais pouvoir vaguement comprendre ce qu'il se passe quand on est dans une ville comme Tokyo, c'est toujours agréable.

Et donc c'est en cherchant à approfondir mes bases de japonais que je me suis retrouvée à télécharger une appli sur mon téléphone, dont beaucoup de gens m'avaient parlé, Duolingo. Ils proposent plein de langues et la méthode avait l'air simple, et surtout c'est gratuit, donc banco, j'ai téléchargé.

Manque de bol, ils n'avaient pas encore le japonais de disponible sur leur appli. Donc j'ai regardé ce qu'ils proposaient, et suis tombée sur le Néerlandais. Et je me suis dit "pourquoi pas ?".

Ce qui n'est pas totalement idiot quand on sait que j'ai de la famille aux Pays-Bas. Et que j'ai en projet d'y passer l'année prochaine quelques jours. Je déteste me retrouver dans un pays sans avoir quelques bases de la langue locale, ça m'angoisse terriblement. Et je me souviens, petite, de ma cousine Viviane (coucou Vief !) qui parlait déjà presque couramment Français et Anglais, en plus du Néerlandais, et comme j'étais admirative. De tous ces gens que je croise qui parlent plusieurs langues, et comme j'aime cette faculté de pouvoir basculer entre plusieurs cultures.

Donc roulez jeunesse, je commence le néerlandais. J'ai du passer l'appli en anglais pour ça, puisque les leçons ne sont pas disponibles en français, donc la boucle est bouclée, j'apprend une 3e langue étrangère avec la 1ère que j'ai apprise petite. Ca fait maintenant 1 mois 1/2, et je m'y tiens religieusement. Chaque jour, 15min de révisions. La méthode est la suivante : l'appli me montre de nouveaux mots (rangés par thèmes), puis me soumets des phrases en néerlandais que je dois traduire, ou bien l'inverse. Je n'arrive pas bien à prononcer les sons, c'est le souci d'apprendre seul, mais je peux lire grosso modo et comprendre quelques bribes. Mon vocabulaire s'enrichi un peu chaque jour. J'adore ce moment dans l'apprentissage d'une langue où je passe le cap du déchiffrement pénible et passe à une relative compréhension. Encore un nouveau monde qui s'ouvre.

Et je rigole beaucoup avec l'application, qui a le chic pour me proposer des phrases très étranges.

TEAM ELMER !

Bonne question. Très pratique à placer dans une conversation.

Note pour moi-même : penser à ne pas avoir besoin d'une infirmière aux pays-bas. Je ne pourrais jamais prononcer ce mot.

Référence culturelle bonjour.

Complètement n'importe quoi.



Donc voilà, en gros, pourquoi j'apprend le néerlandais. Un peu par hasard, un peu par challenge, un peu pour la famille, un peu par curiosité. Et surtout parce que j'aime apprendre des langues.

jeudi 13 août 2015

Girls & Boys

Il y a quelques temps, j'ai acheté sur internet des billets d'avions pour moi et mon copain (Appelons-le "R" afin de préserver son intimité). J'ai rempli toutes les cases avec nos noms, j'ai payé avec ma CB, et j'ai renseigné mon adresse e-mail. (Il m'a remboursé après, c'était juste plus pratique de tout payer en une fois). Et ce matin, j'ai reçu un mail sur ma boîte mail, adressé au nom de mon mec, avec les infos pour le vol.


Bon. Au début, je me suis dit que comme je n'avais donné que mon email, ils m'envoyaient sur ma boîte mail les 2 mails, pour les 2 passagers enregistrés. (Oui, je suis du genre positive tant qu'on ne me prouve pas le contraire). Mais non. Il y avait juste un mail, au nom de mon concubin, avec les infos pour nos deux billets. Que, je répète, j'avais payé AVEC MA CARTE BLEUE, A MON NOM. Parce que, apparemment, ok les femmes ont le droit d'avoir un compte bancaire sans l'autorisation de leur mari depuis 1965 en France, mais bon, faut pas déconner, c'est pas elles qui vont gérer les trucs sérieux comme les voyages en avion.

Alors d'habitude, quand ce genre de chose arrive, je me dis "bah, erreur informatique", ou bien "ils n'ont pas fait gaffe". Mais il faut se rendre a l'évidence : le systématisme de ce genre de micro-évènements n'est pas un hasard. 

Par exemple, dans mon immeuble, il y a un panneau à côté des boîtes aux lettres, avec les noms des locataires et le numéro des boîtes. Et bien au numéro de notre boîte, il y a seulement le nom de mon copain. Pas le mien. Alors que ça rentre hein, ce n'est pas un problème de place. Je ne sais pas qui a fait ce panneau, mais cette personne a jugé que mon nom n'y était pas utile. Alors que notre bail est à nos deux noms, comme tous les contrats liés à l'appartement.

Quand on va au restaurant et que, mue par un élan de générosité, je propose d'inviter R., et demande donc de tout mettre sur ma CB, il n'est pas rare que le/a serveur/se se fende d'un "Hooo, c'est madame qui invite, bah dis donc". Oui parce que, comme je disais plus haut, les femmes ont le droit à un compte bancaire depuis 1965 en France. Ca fait juste 50 ans, je comprends que les gens soient encore surpris. Par contre quand c'est R. qui m'invite, personne ne fait de reflexion, parce que, hein, c'est normal, c'est au type de nourrir sa famille. Les chasseurs, les mammouths, tout ça.



En parlant de chasseurs, comme tu le sais peut-être, ami lecteur, je suis végétarienne depuis plus d'un an. Mon copain aussi. En fait, c'est grâce à lui que je me suis lancée là-dedans, en partie. Il avait une sensibilité plus prononcée à la cause animale, pendant que moi je bouffais du saucisson. Quand on s'est rencontré, il ne mangeait déjà pas certaines viandes par choix. Donc notre décision de passer au végétarisme a été mutuellement influencée, on y est allés chacun à notre rythme, mais l'idée de base venait de lui, c'est indéniable. Hé bien, les gens sont persuadés que c'est moi qui l'ai "converti". Parce que le végétarisme, la cuisine et les petits animaux, c'est un "truc de fille". Et alors quand j'explique que de toute façon, à la maison, ce n'est pas moi qui cuisine car je n'aime pas cuisiner, et que R. sait très bien cuisiner et aime le faire, les gens me félicitent d'avoir trouvé un garçon si formidable. Mon mec est formidable, là n'est pas la question. Mais le fait qu'il soit un homme et fasse la cuisine n'est pas formidable. Tout comme le fait que je sois une femme et que je sache mieux bricoler que lui n'est pas formidable. Chacun a ses zones de confort, ses sujets préférés. Le genre n'a rien à voir là-dedans.

Et encore, nous sommes super privilégiés. Nous sommes tous les deux blancs, en relation hétéro, dans un pays riche, avec un travail et un appart. Il n'empêche, presque chaque jour, j'ai l'impression d'évoluer dans un monde vraiment en retard sur des millions de petites choses qui me paraissent tellement évidentes. Je ne suis pas quelqu'un de particulièrement engagé ou militant, même sur des sujets qui m'importent comme le végétarisme, le féminisme, et d'autres. Mais quand des micro-évènements comme ceux cités plus haut m'arrivent, j'en parle autour de moi, j'en parle ici, car apparemment tout le monde ne s'en rend pas compte. Et la première étape, c'est d'en prendre conscience.

Donc si j'achète quelque chose avec ma carte bleue, à mon nom, et que je donne mes coordonnées, il me semble normal de recevoir les courriers liés à cet achat adressés à mon nom. Si j'ai mon nom sur le bail, il me semble normal de l'avoir aussi sur la liste des locataires de l'immeuble. Si un jour j'invite mon copain à diner, un autre jour ce sera lui, juste parce que ça fait plaisir, et on ne tient pas les comptes pour vérifier. La cuisine n'est pas mon terrain privilégié dans l'appartement, mais ça pourrait l'être si je le voulais. En bref, merci de ne tirer aucune conclusion sur mes choix ou mes actions uniquement parce que je suis une femme, de même merci de ne tirer aucune conclusion sur les choix ou les actions de mon copain uniquement parce qu'il est un homme. Ca n'a aucun sens.



mercredi 25 mars 2015

Tournée Mondiale d'une journée

Comme tu le sais, ami lecteur, je suis une artiste publiée. (En collaboration avec Thom J. Tailor, c'est un travail d'équipe)




Tu peux même (si tu ne l'as pas déjà fait), acheter le fruit de notre labeur  - tout simplement décrit comme "Divinement génial !" sur le blog "Le Meilleur de la BD" - un peu partout dans la vraie vie et sur internet.

Une des grandes joies de publier un livre, outre la renommée mondiale, les voitures de sport et les invitations à dîner chez Tina Fey, ce sont les séances de dédicaces. Donc, quand notre éditeur nous a proposé d'aller dédicacer en Belgique pour la Foire du Livre de Bruxelles, tu penses bien qu'on a dit oui. (Surtout quand on nous a précisé qu'on nous payait les billets de train). BRUXELLES, tu vois. Genre, tournée mondiale quoi. Enfin, en aller-retour dans la journée cependant, faut pas déconner, on n'a pas encore gagné le Pullitzer (Oui, Drink a Lol, c'est du journalisme).

Donc me voilà, la veille de ma première dédicace en vrai, a préparer mon petit sac à dos. L'angoisse me noue le ventre, ma tête fourmille de questions (Et si personne ne vient ? Et si il y a trop de monde et que je n'arrive pas à dessiner ? Et si je vomis sur la table de dédicace ? Et si Thom se perd en chemin et que je dois y aller toute seule ? Et si on me parle avec l'accent belge et que je ris trop fort ?), et je décide d'appliquer ma méthode zen-bouddhiste personnelle : une étape à la fois. L'étape première est donc de préparer mon sac, puis d'aller me coucher, afin de me lever suffisamment tôt pour être 1h en avance à la gare le samedi matin.

Non visibles sur la photo : Maalox, Doliprane & Vogalene.

Samedi matin, donc, à l'aube, à l'heure où mon mec dort encore, je me prépare en vitesse pour aller à la gare. J'avais imaginé 12000 tenues possibles, mais il fait froid et il est tôt alors j'enfile un jean et je prends le bus.

Ma petite demi-heure d'avance de sécurité mentale
Comme Thom n'habite plus à Paris, il est arrivé la veille et a été logé dans un hôtel près de la gare, ce qui lui confère un sacré avantage stratégique, mais comme il n'est pas moi, il n'est pas encore sur le quai du Thalys, ce qui me permet d'angoisser encore un peu toute seule, tranquille. Puis il arrive, on monte dans le train, et BRUXELLES NOUS VOILA.

On avait reçu par mail un petit plan de route, nous expliquant qu'on devait prendre un taxi à la gare de Bruxelles, aller à la Foire du Livre, demander notre badge, et nous pointer sur le stand où on nous attendait. Et c'est donc ce qu'on a fait, parce que nous sommes des gens polis. Arrivés à l'entrée, on me demande mon nom pour me donner mon badge, et je m'embrouille parce que je sais pas s'il faut donner mon vrai nom ou mon nom d'artiste, et c'est dur ce dédoublement de personnalité, surtout quand en face les gens te parlent avec un accent belge, mais finalement j'ai mon badge avec écrit Ookah dessus. Personne ne nous demande de pièce d'identité, j'aurais pu envoyer une pote à ma place. Re-micmac pour Thom, dont il s'avère qu'ils n'ont pas le badge du tout, mais finalement ils en impriment un directement, avec une faute de frappe. Dans 10 ans, ce badge sera collector.

Nous voici donc entrant dans la Foire, qui est peu peuplée parce que le samedi matin à 10h30, ben, les gens ils dorment, je pense. J'en ferais bien autant, mais on arrive sur le stand de l'éditeur (ou du distributeur, je ne sais pas trop, moi je fais des petits mickeys), et on lance timidement "Bonjour, on est Drink a Lol" à des gens qui ont des badges eux aussi (statistiquement, ils sont plus du côté des éditeurs que des visiteurs). Tout le monde nous serre la main en faisant de grands sourires, on nous amène dans un placard pour poser nos affaires, et puis on nous assoit derrière une table avec notre nom dessus et une pile de livres. On est placés sur le stand BDs, avec plusieurs éditeurs. Je sors mon plumier pour me donner une contenance et mon ventre se met à grogner parce qu'il est 11h et que je ne suis pas chez moi à manger des barquettes de LU. Il y a notre attachée de presse, Anne, que nous rencontrons pour la première fois, et aussi Samuel, qui est belge et très gentil, et nous propose à boire et à manger (j'ai pris les deux). 

J'ai oublié de voler le petit écriteau,  je suis triste

On doit dédicacer de 11h à 12h30, et pour le moment personne ne vient. Autour de nous, il y a d'autres tables et d'autres auteurs de BD. On discute un peu, on regarde ce que font les autres. Une petite fille vient avec un carnet pour demander un dessin, je lui gribouille un bonhomme. Puis une petite famille vient avec un album à nous, et nous demande une dédicace pour l'ainée. On lui demande si elle connait déjà la BD, elle dit que non mais qu'elle a feuilleté et que ça a l'air bien drôle. Ses parents expliquent qu'ils aiment bien lui acheter des BD et en découvrir, et nous on leur dit que c'est officiellement notre toute première dédicace. Anne et Samuel reviennent nous voir, on discute un peu de la BD, du lancement, des parutions. Une autre personne vient se faire dédicacer un album, et boum, il est 12h30 et le staff nous amène déjeuner.

Serious Bizness Yo
On se retrouve dans un resto italien (c'était le plus proche du salon), avec plein de gens et plein de vin rouge. Je fais la connaissance d'un autre auteur Marabout, Nicolas Lebel, qui est prof d'anglais et écrit des polars. On habite le même quartier à Paris et ses livres s'y déroulent, alors c'est rigolo. Et c'est le ventre plein et le cerveau aviné que nous reprenons tous le chemin du salon, limite bras-dessus bras-dessous, parce que manger des pâtes et discuter le midi, ça rapproche les inconnus.

Pour la 2eme séance de dédicaces, on nous installe dans un autre coin, sur le stand Marabout. Pendant que le staff prépare la table et part à la recherche de l'écriteau avec nos noms, on discute avec Nicolas, qui nous apprend qu'il a aperçu Stephane Bourgoin, qui doit être sur le salon pour dédicacer lui aussi. Aussitôt, mon coeur de criminophile bondit (au cas où tu ne partagerais pas mes passions morbides, S. Bourgoin est un spécialiste français sur les tueurs en série), et le coeur de Thom bondit aussi, parce que sa copine est au moins aussi toquée de crimes que moi. On décide de le chercher après notre séance. En attendant, je feuillette les livres à côté de moi.

J'ai trouvé mon cadeau de fête des mères !
Et puis nous revoilà derrière notre table de dédicace, à 14h. La Foire est nettement plus remplie, et je ne sais pas si c'est l'effet du vin du midi ou le métier qui rentre, mais je suis beaucoup plus décontractée. Les gens défilent, certains connaissaient la BD depuis le début du blog et sont super contents de nous rencontrer, d'autres découvrent et sont contents d'avoir une dédicace, Nicolas nous en demande une, Anne aussi, on rigole, on fait des blagues, on est les rois du monde.

Workin' Hard
A gauche Samuel, qui a été hyper accueillant avec nous,
à droite Nicolas Lebel, qui écrit des polars qu'ils sont bien.

Vers la fin - on ne dédicace qu'une heure - on s'aperçoit qu'il y a une foule compacte qui fait la queue sur le stand derrière nous. Amélie Nothomb dédicace son nouvel ouvrage, et la belgique entière est venue la voir. On blague avec Anne et Samuel, qui nous disent qu'elle doit avoir sa coupe de champagne habituelle, et on demande si c'est réservé à Amélie Nothomb ou bien si nous aussi on peut en avoir. Et nous voilà avec chacun une coupe, en train de dédicacer aux derniers lecteurs qui arrivent.

Nothomb Style ! (Co-auteur habilement anonymisé par mes soins)
Et puis on a fini notre heure de dur labeur, donc on part à la recherche de Stephane Bourgoin, mais il est introuvable. On apprend qu'en fait il dédicace le lendemain. Du coup on achète chacun un livre de Nicolas, qu'on se fait dédicacer, et puis on dit au revoir à tout le monde et on part visiter Bruxelles.

Sauf qu'en fait on met tellement de temps à trouver un taxi qu'il ne nous reste pas trop de temps pour voir la ville, donc on se ballade dans la gare et on achète plein de bouffe (surtout moi). Anne nous rejoint, elle prend le même train que nous pour rentrer. Elle part chercher un cornet de frites, parce qu'aucun de nous n'en a mangé alors que, bon, belgique quoi. On se les partage sur le quai (une bonne attachée de presse sait rendre heureux ses auteurs). Et le Thalys arrive, et nous rentrons tous à Paris, avec un léger mal de crâne et une bonne fatigue.

C'était à la fois épuisant, hyper angoissant, et très amusant à faire. Etre deux aide pas mal, cela dit, parce que si personne n'était venu nous voir, Thom et moi aurions juste discuté en mangeant des biscuits et ça n'aurait pas été horrible. Mais voir en vrai des gens qui achètent notre BD, discuter avec eux, c'est vraiment niais à dire, mais c'est très touchant. Et puis se faire une petite virée d'une journée tous frais payés, c'est toujours agréable, moi tu m'invites à la Foire de la Tomate il est probable que je vienne.


Epilogue

Et deux jours après, Samuel nous envoie par mail cette photo, accompagnée de ce texte : 
"Vous trouverez en pièce jointe la photo d’un nouveau fan croisé à la Foire du livre. Ses mots ont été « Ca fait trois fois que je viens sur le stand. Ils ne sont pas là. Flûte alors. »"

(Au cas où t'aurais pas suivi, c'est Stephane Bourgoin).


lundi 9 mars 2015

Il y a un an...

… Je passais du côté obscur du saucisson.



(Ca claque, hein ?)

Non, en fait, il y a pile un an, je faisais mon "week-end presque vegan", une expérience sans aucun contrôle d'huissier, où j'ai passé un week-end sans viande, oeuf, lait, fromage… Par curiosité culinaire, et sans obligation.
(Tu peux aller relire mon compte-rendu par étapes, ICI, LA et LA AUSSI).

Ce compte-rendu se finissait (je résume pour les flemmards qui n'ont pas cliqué sur les liens plus haut) par ces mots : "Je ne vais pas devenir vegan là tout de suite à temps plein, mais au final, j'ai découvert des plats que j'adore et que je me referais certainement. Je me suis rendue compte qu'il était complètement possible de ne pas manger de produits d'origine animale. J'en mangerais certainement beaucoup moins à l'avenir, d'ailleurs […]"

Gnihihihihihih
Je rigole (enfin, Bill Murray rigole), parce que, un an après, je suis complètement végétarienne. 
Ca ne c'est pas fait du jour au lendemain. Pour être exacte, la dernière fois que j'ai mangé de la viande, ce n'était pas de la viande, c'était du saumon, et c'était dans un sandwich Daunat acheté à la gare de d'Aix-les-Bains en juin 2014. (Je m'en souviens parce que c'était vraiment pas bon, surtout que je l'ai mangé assise par terre dans le wagon-restaurant d'un train en grève entourée de 300 personnes).

Et donc, entre le 9 mars et le 15 juin, que s'est-il passé ? Quel lavage de cerveau ai-je subit ?

Ben, rien en fait. Comme j'avais trouvé des bons trucs végétariens, j'ai continué sur ma lancée. Mon copain était un peu dans le même état d'esprit que moi, alors on n'achetait quasiment plus de viande à la maison, et seulement à la boucherie du coin, plus au supermarché. Je me souviens, ces mois d'entre-deux, parfois l'un de nous ramenait du saucisson à la maison, en mode "Wouhou, c'est la fête". Quand tu penses qu'avant, j'appelais juste ça un lundi soir… 

Mais, de jours en jours, comme une cure de désintoxication qui se passe bien (= sans suer, sans vomir et sans écrire de chansons de Johnny Cash), l'envie de viande se faisait de plus en plus faible. Jusqu'à ce qu'un jour je me rende compte que je n'en avais pas mangé depuis un bail. Même dehors, au resto. Je mangeais encore un peu de poisson. Et puis, plus. Je ne me suis jamais dit "HA PLUS JAMAIS DE CA DANS MA BOUCHE". Juste, ça c'est fait comme ça. Je me souviens, après quelques semaines sans viande, avoir croqué dans un saucisson, à la campagne, un vrai saucisson du fermier et tout. J'ai trouvé ça dégeulasse. Alors, que franchement, pendant 27 ans, j'avais pas été la dernière à courir derrière la charcuterie… Je sais pas, le goût de la viande doit se perdre. Je l'ai perdu en tout cas ! Ce qui au début m'a vachement attristée, car j'étais persuadée que si je mangeais juste un tout petit peu de viande de temps en temps, ça n'en serait que meilleur. Ben pas pour moi. Bon, finalement, j'ai découvert tellement d'autres goûts que je m'en suis remise, t'inquiète pas.

Nan, j'te jure, ça va !
En même temps, j'ai vu et lu beaucoup de choses sur l'industrie agro-alimentaire, sur la viande, sur les animaux… Je vous épargne les détails mais lisez "Faut-il manger les animaux" de Jonathan Safran Foer, par exemple, si ça vous intéresse. Je ne mangeais déjà plus de viande à ce moment là, donc ce ne sont pas ces infos qui m'ont fait changer, mais il est certain que cela m'a confortée dans mon choix.

Et donc me voilà, un an après, (et 9 mois en full-time vegetarian). Je ne mange plus trop d'oeufs et de lait non plus. Mes amis ont pris des paris pour savoir quand je serais vegan. En tout cas, maintenant, je n'imaginerais pas trop remanger de la viande. J'ai pris de nouvelles habitudes. Ca me parait super naturel et simple de me nourrir. Quand je l'ai dit à mon médecin, elle m'a juste recommandé une prise de sang dans quelques mois pour vérifier que mon taux de fer ne chute pas. Je mange bien, je continue à sortir et voir mes amis (et je trouve toujours à manger dehors, même s'il faut parfois se contenter de PATATES), j'ai découvert plein de nouveaux restos, d'épiceries, de livres même… Ma vie en elle-même n'a absolument pas changé. Faire mes courses est juste vachement plus rapide (95% des plats préparés salés ne me concernent plus. Je jette juste des boîtes de houmous dans mon caddie). 

Et je mange toujours plein de tartines. 

Omnomnomnom

mardi 3 mars 2015

La Vie en Rose




Samedi 21 février se tenait à Paris l'évènement La Vie en Rose, organisé par SFE. Une journée entière autour de l'univers Lolita et la mode japonaise, avec des invités de marque, des défilés, des stands, des Q&A...

Saturday february 21st was the La Vie en Rose Event in Paris, put together by SFE. A full day about Lolita and japanese fashion, with prestigious guests, fashion shows, shopping stalls, Q&As...

Le début des festivités était fixé à 10h, à l'Hotel du Collectionneur, rue de Courcelles. J'arrive avec Ann-So, qui logeait à la maison ce week-end. Vief était déjà sur place, puisqu'elle fait partie de l'organisation. On entre dans l'hôtel, un décor vraiment splendide, avec un double escalier très impressionnant et une inspiration Art Déco poussée dans les moindres détails.

The fun started at 10am, at Hotel du Collectionneur. I come in with Ann-so, who was staying at my place this week-end. Vief was already there, since she was part of the organisation committee. We go in, and it's a really beautiful decor, with a huge staircase and Art Deco inspiration everywhere.




L'évènement a proprement parler se déroulait en bas, dans les salles de réception (ce qui explique les couleurs jaunâtres des photos...). A l'arrivée, comme j'avais pris un ticket spécial, on me donne un tote-bag avec des goodies (surtout des flyers des différents stands, mais aussi des bonbons, une barrette, et un badge aux couleurs de l'évènement). Après un détour par le buffet de viennoiseries et de fruits, il est temps d'aller voir les stands. Il y a beaucoup de choses à voir, mais je décide d'être sage et n'achète qu'une paire de wristcuffs et une broche. Il y a cependant de quoi faire exploser sa CB, entre les magnifiques robes et les accessoires...

The event itself was downstairs, in the reception rooms (which explains the yellowy tint of the pictures...). Upon arriving, since I had purchased a VIP Ticket, I got a goodie bag (mostly flyers of the various stalls, but also candy, hair pin and a badge with the event logo). After a much needed stop at the breakfast buffet, it's time to go see the stalls. There is a lot of stuff, but I restrain myself and only buy a pair of blue wrist cuffs and a brooch. But between the gorgeous dresses and accessories, you could burn you credit card here...




Les salons se remplissent petit à petit, et après le discours de bienvenue, on passe au Q&A avec KAIE & BABI, créatrices de Triple Fortune, Masumi Kanoh, de Baby the Stars Shine Bright, et Hitomi Nomura, de Grimoire. Les questions et réponses sont données en japonais, anglais et français, ce qui permet à tous les participants de suivre la conversation.

The rooms start getting filled, and after the welcome speech, it's time for the Q&A with KAIE & BABI, creators of the Triple Fortune Brand, Mausmi Kanoh from BTSSB and Hitomi Nomura from Grimoire. Questions and answers are in japanese, english and french, so that everyone can understand what's being said.

Puis tout le monde se prépare pour le premier défilé. Il n'y a pas assez de chaises pour tout le monde, mais on s'arrange comme on peut (Nous on s'assoit par terre comme des punks).

After that, everyone gets in place for the first fashion show. There isn't enough chairs for everyone, but we manage (i.e we sit on the floor like the punks we are).







Ensuite, c'est l'heure de la pause déjeuner, et comme on n'a pas le droit de ramener son casse-croute dans l'hotel 5 étoiles, on part en quête d'un truc à se mettre sous la dent. On atterrit au Starbucks, ce qui intrigue grandement les clients sur place. Il faut avouer, on ne passait pas super inaperçues.

Then it's lunch break, and since you can't bring your own sandwich in a 5 star hotel, we go out looking for food. We end up in a Starbucks Coffee, to the amazement of the other clients. It's true that we did stand out a bit.



Et puis retour à l'hôtel pour la suite des aventures. C'est l'heure de BABI's Talk, une conférence sur l'histoire de la culture kawaii et lolita au japon à travers les décennies, donnée par BABI de Triple Fortune. C'était appuyé par des visuels pertinents et très intéressants. Malheureusement Vief n'a pas pu y assister car elle était en backstage en train de se préparer pour le second défilé qui avait lieu juste après.

And back to the hotel again. It's now time for BABI's Talk, a conference about kawai and lolita culture in japon through the years. There was pictures and it was very interesting to listen to. Sadly, Vief didn't get to see or hear it because she was backstage prepping up for the second fashion show that was scheduled just after.

Défilé Triple Fortune :
Triple Fortune Fashion Show : 











Défilé Baby the Stars Shine Bright :
Baby the Stars Shine Bright Fashion Show :



Puis c'est déjà la fin, on termine par une grande tombola, avec de nombreux lots. J'ai gagné un jupon noir ! Je n'en avais pas de cette couleur, donc plutôt bonne pioche. Et enfin il est temps de rentrer, d'enlever perruques, barrettes, maquillage, talons, jupons... L'évènement était vraiment bien organisé, moi qui ne connais pas grand monde je ne me suis pas ennuyée une seconde, le rythme était bien soutenu, et les défilés, stands, activités étaient bien programmés. Encore une journée de froufrous réussie !

And finally it's the big raffle, with many big prizes. I won a black petticoat ! I didn't have one in this color, so I'm pretty psyched. After that we go home, take of wigs, hairpins, make up, heels, pettis.... This event was really well organized, even thought I didn't know many people there was never a dull moment. Another successful day of frills !





lundi 12 janvier 2015

Brève histoire d'une édition

Tout commence l'année dernière. En fait, tout commence même avant, quand mon pote Thom me propose de faire les dessins de ses strips qu'il publie sur le blog Drink a Lol. Ce sont des strips en 3 cases, avec un personnage principal cynique, et des gags concis. Il se débrouille très bien tout seul, avec des bonhommes bâtons, mais voudrait des dessins plus aboutis, une réalisation graphique plus chouette. Donc j'accepte, parce que j'aime bien la déconne et dessiner, et aussi parce que le boulot n'est pas énorme : il n'y a pas de décor, peu de dessins à faire. A l'époque, il y a 5 strips de publiés par semaine.

Style graphique avant que j'arrive
Le premier strip que j'ai illustré

Et puis, petit à petit, Thom se met à imager de nouvelles situations, on rajoute des décors, des mouvements. Le blog commence à avoir une bonne base de lecteurs assidus, la page Facebook aussi.

Un an après, on a rajouté plein de couleurs


Alors, on commence à nous demander : "Et si vous cherchiez un éditeur ?". Nous, on voudrait bien, parce que c'est rigolo de faire des blagues sur internet mais ça doit être encore plus rigolo de les voir en librairie, et nous, on aime bien les livres. On monte un petit dossier pour présenter le projet, on l'envoie à quelques petites maisons d'édition qu'on connait, dont on aime les BD. Les réponses, quand on en reçoit, ne sont jamais celles qu'on espère. On réduit le rythme de publication, parce que 5 strips par semaine ça fait quand même beaucoup de boulot pour 2 personnes qui ont un emploi à côté. Et on continue de taper un peu aux portes (métaphoriquement, par mail), mais rien ne se passe.

Et puis un jour, l'année dernière, Thom reçoit un mail sur l'adresse du blog. Un éditeur chez Hachette, collection Marabulles, est intéressé et veut nous rencontrer. Coïncidence du calendrier, cela se passe un 1er avril. On a du mal à y croire vraiment, on vérifie que ce n'est pas une grosse blague. Mais non, c'est vrai.

Et nous voilà, Thom et moi, au pied de la tour Hachette, dans le 15e. On fume plein de clopes avant d'aller annoncer notre arrivée à l'accueil. Le rendez-vous se passe bien, l'éditeur est très détendu (Coucou Dominique !) et nous explique comment il est tombé sur le blog, et que ce serait super chouette d'en faire un livre. Nous on est très d'accord. On parle rapidement argent, format, idées de maquette (je veux la faire moi-même). Je crois qu'une des premières questions que j'ai posé à ce rendez-vous, c'est "Est-ce qu'on pourra avoir du vernis sélectif sur la couverture ?"… On se serre la main en partant, en attendant les contrats qui doivent arriver par la Poste. De retour en bas de la tour, on refume plein de clopes, en se demandant si notre vie vient de changer. Pas dans le style "j'ai gagné au loto", parce que, faut pas déconner, on n'attend pas trop la richesse avec ce projet (même si je n'aurais rien contre…), mais plutôt du genre "putain, va y avoir notre nom sur un truc dans une librairie, y'a des gens qu'on connait pas qui vont lire nos vannes !".

Et puis le processus de préparation du livre se met en place. Comme j'ai voulu m'occuper moi-même de la mise en page, on cherche avec Thom la meilleure façon de présenter les strips, quoi ajouter de neuf en plus des anciens strips, comment les organiser… Gros boulot de mise en forme, puisqu'il a fallut refaire tous les vieux strips pour avoir une unité graphique, et créer de nouvelles illustrations. Il faut aussi créer la couverture, qui est très importante, car c'est ce que les lecteurs verront en premier.

Août, enfin, on voit le bout. Les 160 pages sont prêtes, les relectures commencent. J'envoie le fichier final pour fabrication. Le sort du bouquin n'est plus entre nos mains !

160 pages comme ça… J'en ai sué tout l'été.

La date de sortie était initialement prévue pour la fin d'année, pour les fêtes. Puis, finalement, repoussée à début janvier, afin de ne pas être écrasée par toutes les grosses sorties de Noël. Au moment de partir à l'impression, dernier coup de stress : plusieurs illustrations ne sont pas utilisables pour cause de droit d'auteur (ce sont des détournements d'affiches de films et peintures), il faut les remplacer en urgence par autre chose. Une fois ce souci réglé, le compte à rebours commence.

Début décembre, je vais chercher mon tout premier exemplaire. C'est très bizarre de le tenir en main, de voir toutes ces pages, sur lesquelles je travaillais sur mon ordinateur, sur du vrai papier. J'ai toujours l'impression que c'est une blague très élaborée qu'on me fait. Non pas que ce soit foufou d'éditer une BD, et dans mon travail j'ai souvent l'occasion de voir mes projets imprimés, mais là, c'est pas pareil...

Le premier exemplaire !

Et la semaine de Noël, je reçois un gros carton avec mes 20 exemplaires d'auteur (auquels j'ai droit contractuellement, pour donner à mes proches ou tapisser mes toilettes). J'ai failli mourir en ramenant le carton du bureau de Poste jusqu'à chez moi, mais ça valait le coup. En voir autant d'un coup, ça rend le truc plus réel.

Une pile de Lol

Qui fait à peu près la taille de mon chat. (Mon chat est gros).

Ensuite, on reçoit un mail, nous avons une attachée de presse. C'est rigolo, moi, dans la vie, je travaille avec des attachés de presse, mon métier c'est de mettre en page les dossiers de presse. J'ai l'impression de passer de l'autre côté du miroir, là, le produit, c'est le mien.

Et puis vient le jour de la sortie. Le 7 janvier 2015. Disponible depuis plusieurs semaines déjà en pré-commande sur les sites de la FNAC, Amazon, Cultura etc, notre BD va maintenant être en rayon ! Je commence par faire les librairies autour de chez moi, mais les libraires n'ont pas encore ouvert tous les cartons des arrivées, et je fais choux blanc. Je pousse jusqu'à Bastille, et remonte la rue de la Roquette. J'appelle un ami qui habite là (Coucou James !), lui propose de boire un café et lui explique que je cherche ma BD. Ensemble, on va rue de Charonne, dans une librairie spécialisée de BD. Et là, le graal ! On tombe sur une grosse pile de Drink a Lol. Et me voilà donc à côté de mon pote, à la caisse de la librairie, pendant qu'il achète ma bande dessinée. C'est surréaliste. En sortant pour aller prendre un café, il me dit : "T'as vu, il vient d'y avoir une fusillade juste à côté, dans les locaux de Charlie Hebdo, ils en parlent partout depuis une demi-heure ?!". Non, je n'ai pas vu, pas entendu, j'étais en train de faire le tour des librairies… On se pose dans un bistrot, BFM-TV tourne en boucle. A 800m de là, il y a une heure, un attentat terroriste vient d'avoir lieu. Tout d'un coup, la sortie en librairie de notre petit recueil de vannes me parait un peu insignifiante. Je rentre presto chez moi, la place de la Bastille est bouclée, la place Voltaire grouille de policiers. Je passe le reste de la journée scotchée devant les chaînes d'info en direct, même si je déteste l'actu à chaud. Je joins Thom, on repousse le concours qu'on devait lancer pour fêter la sortie de la BD. On ne risquera pas d'oublier la date de sortie de notre premier album, il serait toujours associé à ce jour-là dans nos têtes.

Et puis, et puis, la vie continue, et je commence à recevoir des photos de potes, de parents, de lecteurs, ils ont trouvé la BD à la FNAC, en librairies, partout. Je croise Thom le weekend, on fait des dédicaces pour nos familles. Maintenant, reste plus qu'à attendre, voir si la BD plaira, si les lecteurs en parleront autour d'eux, si on aura de bonnes critiques, s'il y aura un tome 2… On attend beaucoup, en fait, dans le monde de l'édition.

Disponible PARTOUT ! (Très bon choix de couleur de couverture, vous noterez, on ne voit que nous)

Lecteurs habilement anonymisés par mes soins.