mercredi 25 mars 2015

Tournée Mondiale d'une journée

Comme tu le sais, ami lecteur, je suis une artiste publiée. (En collaboration avec Thom J. Tailor, c'est un travail d'équipe)




Tu peux même (si tu ne l'as pas déjà fait), acheter le fruit de notre labeur  - tout simplement décrit comme "Divinement génial !" sur le blog "Le Meilleur de la BD" - un peu partout dans la vraie vie et sur internet.

Une des grandes joies de publier un livre, outre la renommée mondiale, les voitures de sport et les invitations à dîner chez Tina Fey, ce sont les séances de dédicaces. Donc, quand notre éditeur nous a proposé d'aller dédicacer en Belgique pour la Foire du Livre de Bruxelles, tu penses bien qu'on a dit oui. (Surtout quand on nous a précisé qu'on nous payait les billets de train). BRUXELLES, tu vois. Genre, tournée mondiale quoi. Enfin, en aller-retour dans la journée cependant, faut pas déconner, on n'a pas encore gagné le Pullitzer (Oui, Drink a Lol, c'est du journalisme).

Donc me voilà, la veille de ma première dédicace en vrai, a préparer mon petit sac à dos. L'angoisse me noue le ventre, ma tête fourmille de questions (Et si personne ne vient ? Et si il y a trop de monde et que je n'arrive pas à dessiner ? Et si je vomis sur la table de dédicace ? Et si Thom se perd en chemin et que je dois y aller toute seule ? Et si on me parle avec l'accent belge et que je ris trop fort ?), et je décide d'appliquer ma méthode zen-bouddhiste personnelle : une étape à la fois. L'étape première est donc de préparer mon sac, puis d'aller me coucher, afin de me lever suffisamment tôt pour être 1h en avance à la gare le samedi matin.

Non visibles sur la photo : Maalox, Doliprane & Vogalene.

Samedi matin, donc, à l'aube, à l'heure où mon mec dort encore, je me prépare en vitesse pour aller à la gare. J'avais imaginé 12000 tenues possibles, mais il fait froid et il est tôt alors j'enfile un jean et je prends le bus.

Ma petite demi-heure d'avance de sécurité mentale
Comme Thom n'habite plus à Paris, il est arrivé la veille et a été logé dans un hôtel près de la gare, ce qui lui confère un sacré avantage stratégique, mais comme il n'est pas moi, il n'est pas encore sur le quai du Thalys, ce qui me permet d'angoisser encore un peu toute seule, tranquille. Puis il arrive, on monte dans le train, et BRUXELLES NOUS VOILA.

On avait reçu par mail un petit plan de route, nous expliquant qu'on devait prendre un taxi à la gare de Bruxelles, aller à la Foire du Livre, demander notre badge, et nous pointer sur le stand où on nous attendait. Et c'est donc ce qu'on a fait, parce que nous sommes des gens polis. Arrivés à l'entrée, on me demande mon nom pour me donner mon badge, et je m'embrouille parce que je sais pas s'il faut donner mon vrai nom ou mon nom d'artiste, et c'est dur ce dédoublement de personnalité, surtout quand en face les gens te parlent avec un accent belge, mais finalement j'ai mon badge avec écrit Ookah dessus. Personne ne nous demande de pièce d'identité, j'aurais pu envoyer une pote à ma place. Re-micmac pour Thom, dont il s'avère qu'ils n'ont pas le badge du tout, mais finalement ils en impriment un directement, avec une faute de frappe. Dans 10 ans, ce badge sera collector.

Nous voici donc entrant dans la Foire, qui est peu peuplée parce que le samedi matin à 10h30, ben, les gens ils dorment, je pense. J'en ferais bien autant, mais on arrive sur le stand de l'éditeur (ou du distributeur, je ne sais pas trop, moi je fais des petits mickeys), et on lance timidement "Bonjour, on est Drink a Lol" à des gens qui ont des badges eux aussi (statistiquement, ils sont plus du côté des éditeurs que des visiteurs). Tout le monde nous serre la main en faisant de grands sourires, on nous amène dans un placard pour poser nos affaires, et puis on nous assoit derrière une table avec notre nom dessus et une pile de livres. On est placés sur le stand BDs, avec plusieurs éditeurs. Je sors mon plumier pour me donner une contenance et mon ventre se met à grogner parce qu'il est 11h et que je ne suis pas chez moi à manger des barquettes de LU. Il y a notre attachée de presse, Anne, que nous rencontrons pour la première fois, et aussi Samuel, qui est belge et très gentil, et nous propose à boire et à manger (j'ai pris les deux). 

J'ai oublié de voler le petit écriteau,  je suis triste

On doit dédicacer de 11h à 12h30, et pour le moment personne ne vient. Autour de nous, il y a d'autres tables et d'autres auteurs de BD. On discute un peu, on regarde ce que font les autres. Une petite fille vient avec un carnet pour demander un dessin, je lui gribouille un bonhomme. Puis une petite famille vient avec un album à nous, et nous demande une dédicace pour l'ainée. On lui demande si elle connait déjà la BD, elle dit que non mais qu'elle a feuilleté et que ça a l'air bien drôle. Ses parents expliquent qu'ils aiment bien lui acheter des BD et en découvrir, et nous on leur dit que c'est officiellement notre toute première dédicace. Anne et Samuel reviennent nous voir, on discute un peu de la BD, du lancement, des parutions. Une autre personne vient se faire dédicacer un album, et boum, il est 12h30 et le staff nous amène déjeuner.

Serious Bizness Yo
On se retrouve dans un resto italien (c'était le plus proche du salon), avec plein de gens et plein de vin rouge. Je fais la connaissance d'un autre auteur Marabout, Nicolas Lebel, qui est prof d'anglais et écrit des polars. On habite le même quartier à Paris et ses livres s'y déroulent, alors c'est rigolo. Et c'est le ventre plein et le cerveau aviné que nous reprenons tous le chemin du salon, limite bras-dessus bras-dessous, parce que manger des pâtes et discuter le midi, ça rapproche les inconnus.

Pour la 2eme séance de dédicaces, on nous installe dans un autre coin, sur le stand Marabout. Pendant que le staff prépare la table et part à la recherche de l'écriteau avec nos noms, on discute avec Nicolas, qui nous apprend qu'il a aperçu Stephane Bourgoin, qui doit être sur le salon pour dédicacer lui aussi. Aussitôt, mon coeur de criminophile bondit (au cas où tu ne partagerais pas mes passions morbides, S. Bourgoin est un spécialiste français sur les tueurs en série), et le coeur de Thom bondit aussi, parce que sa copine est au moins aussi toquée de crimes que moi. On décide de le chercher après notre séance. En attendant, je feuillette les livres à côté de moi.

J'ai trouvé mon cadeau de fête des mères !
Et puis nous revoilà derrière notre table de dédicace, à 14h. La Foire est nettement plus remplie, et je ne sais pas si c'est l'effet du vin du midi ou le métier qui rentre, mais je suis beaucoup plus décontractée. Les gens défilent, certains connaissaient la BD depuis le début du blog et sont super contents de nous rencontrer, d'autres découvrent et sont contents d'avoir une dédicace, Nicolas nous en demande une, Anne aussi, on rigole, on fait des blagues, on est les rois du monde.

Workin' Hard
A gauche Samuel, qui a été hyper accueillant avec nous,
à droite Nicolas Lebel, qui écrit des polars qu'ils sont bien.

Vers la fin - on ne dédicace qu'une heure - on s'aperçoit qu'il y a une foule compacte qui fait la queue sur le stand derrière nous. Amélie Nothomb dédicace son nouvel ouvrage, et la belgique entière est venue la voir. On blague avec Anne et Samuel, qui nous disent qu'elle doit avoir sa coupe de champagne habituelle, et on demande si c'est réservé à Amélie Nothomb ou bien si nous aussi on peut en avoir. Et nous voilà avec chacun une coupe, en train de dédicacer aux derniers lecteurs qui arrivent.

Nothomb Style ! (Co-auteur habilement anonymisé par mes soins)
Et puis on a fini notre heure de dur labeur, donc on part à la recherche de Stephane Bourgoin, mais il est introuvable. On apprend qu'en fait il dédicace le lendemain. Du coup on achète chacun un livre de Nicolas, qu'on se fait dédicacer, et puis on dit au revoir à tout le monde et on part visiter Bruxelles.

Sauf qu'en fait on met tellement de temps à trouver un taxi qu'il ne nous reste pas trop de temps pour voir la ville, donc on se ballade dans la gare et on achète plein de bouffe (surtout moi). Anne nous rejoint, elle prend le même train que nous pour rentrer. Elle part chercher un cornet de frites, parce qu'aucun de nous n'en a mangé alors que, bon, belgique quoi. On se les partage sur le quai (une bonne attachée de presse sait rendre heureux ses auteurs). Et le Thalys arrive, et nous rentrons tous à Paris, avec un léger mal de crâne et une bonne fatigue.

C'était à la fois épuisant, hyper angoissant, et très amusant à faire. Etre deux aide pas mal, cela dit, parce que si personne n'était venu nous voir, Thom et moi aurions juste discuté en mangeant des biscuits et ça n'aurait pas été horrible. Mais voir en vrai des gens qui achètent notre BD, discuter avec eux, c'est vraiment niais à dire, mais c'est très touchant. Et puis se faire une petite virée d'une journée tous frais payés, c'est toujours agréable, moi tu m'invites à la Foire de la Tomate il est probable que je vienne.


Epilogue

Et deux jours après, Samuel nous envoie par mail cette photo, accompagnée de ce texte : 
"Vous trouverez en pièce jointe la photo d’un nouveau fan croisé à la Foire du livre. Ses mots ont été « Ca fait trois fois que je viens sur le stand. Ils ne sont pas là. Flûte alors. »"

(Au cas où t'aurais pas suivi, c'est Stephane Bourgoin).


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