dimanche 15 juin 2014

Grève eveillée

Ami lecteur, comme tu as pu le remarquer, je bouge pas mal en ce moment. Mais ce week-end, pour une fois, je devais voyager pour raison professionnelle (j'aime bien dire ça, ça fait sérieux). Je devais me rendre à Annecy pour le Festival du Film d'Animation, afin de soutenir le projet transmédia Drink a Lol devant une assemblée de personnes du milieu. A la clé, divers prix pour soutenir le projet et l'amener à son terme (= une série animée et diverses autres choses). Donc, youpi, j'avais pris mes billets de train, et profité de la géographie pour organiser un petit weekend en famille au lac du Bourget.

Mais là, LA GREVE.


Au final, j'ai du changer de train à l'aller (ET BAM, 75€ dans ta face), et monter à la volée dans un train bondé non réservé afin de passer 4h assise devant la clim dans le couloir du wagon restaurant au retour. Mais, pendant ce long et inconfortable trajet retour, j'ai repensé à mon pire souvenir de grève et galère ferroviaire, et franchement, le train Aix-les-Bains-Le-Revard/Paris-Gare-de-Lyon n'arrive pas à la cheville de l'Eurostar maudit de décembre 2009.

Dont je vais te conter l'histoire maintenant. Pour que tu puisse relativiser, si toi aussi tu as galéré ce week-end.


Donc je te plante le décor : Hiver 2009, Londres. Il fait nuit à 15h, il fait froid, il y a une vague de neige et de verglas qui me permet d'aller chercher un falafel au bout de ma rue en glissant sur les fesses. 



C'est bientôt Noël, tous les frenchy de la capitale anglaise sont déjà rentrés dans leurs familles, et tous les anglais sont dans la leur, à la campagne. J'ai, pour ma part, décidé de ne partir que le 23 décembre rejoindre les miens à Paris, pour la simple raison qu'à Londres j'ai un appartement spacieux, et à Paris je squatte sur des canapés. Et puis, Paris, je connais, hein, j'en n'ai rien à carrer d'y arriver une semaine après tout le monde. Pensais-je.

Et puis, pour des raisons encore non élucidées à l'heure actuelle, les trains Eurostar n'arrivent pas à rouler, et sont donc annulés, repoussés, pris d'assault. Je reçois un mail m'indiquant que mon train est annulé, que non, vraiment, vaudrait mieux que je n'aille pas à Paris. Sauf que bon, Paris j'ai beau ne plus y vivre, c'est là qu'il y a mon papa et ma maman, et ma famille, et Noël quoi. J'ai moyennement envie de fêter Noël toute seule avec une boîte de thon. L'angoisse monte.

Un couple d'amis avait, lui, prévu de passer Noël en amoureux à Londres. Donc, au pire, me disais-je, j'allais pouvoir croiser des êtres humains en cette sainte nuit de Noël. Mais comme les trains ne roulaient dans aucun sens, ils n'arrivaient pas à arriver, même en montant dans tous les trains possibles et en squattant la Gare du Nord. Je recevais des messages laconiques du type "Train arrêté à Lille, il repart à Paris". Et je voyais ma soirée de réveillon se dessiner de plus en plus sombre. Rapide étude des moyens de locomotions à ma disposition : ferrys pleins, avions cloués au sol, eurotunnel bloqué. Me restait la barque, mais j'ai peu de force dans les bras, et l'hélicoptère, mais j'ai peu d'amis multi-millionnaires.

Et puis finalement un Eurostar a franchi le tunnel sous la manche. Et mes amis sont arrivés. On a ouvert le champagne, on a glissé jusqu'au vendeur de falafel, on s'est serré dans les bras.



Et puis je me suis armée de courage et ai quand même décidé de tenter ma chance le 23 décembre au matin, à la gare de St Pancras. A 7h du matin.

La gare de St Pancras, si t'es jamais allé à Londres, je t'explique : c'est très beau, mais c'est une gare ouverte. Ouverte au vent. Au froid. Donc autant te dire qu'un 23 décembre, c'est l'antarctique.



Et là, à 7h du matin, la gare était remplie à ras bord de gens. Qui voulaient monter dans un train. Une queue en mode Disneyland, dont on ne voit pas le bout. Je me retrouve avec une fille qui va à Paris rejoindre ses parents, elle habite à Londres en tant que jeune fille au pair depuis l'été dernier. A deux, c'est plus pratique, l'une peut aller chercher du chocolat chaud pendant que l'autre garde les valises. Au bout d'un certain temps, on s'assoit pas terre. La police a délimité des zones un peu partout pour contenir la foule, avec du gros scotch jaune "POLICE LINE DO NOT CROSS". Vers 11h, je ne sais même pas pourquoi, on nous colle un gros autocollant sur notre billet de train, qui dit qu'on a une place sur le prochain train. L'espoir commence à renaître. On est encore loin de la zone d'embarquement, mais on y croit.

Et finalement, on arrive à monter dans le train. Après pas mal d'heures debout ou par terre à attendre dans la gare. On a même une place assise, dans un vrai siège.



Un trajet Londres/Paris en Eurostar dure normalement 2h15. Celui-là en a pris presque 4, pour cause de neige et de on-ne-sait-trop-quoi. Je suis donc arrivée à Paris vers 17/18h, en étant arrivée à la gare à 7h le matin. Big up au pote qui est venu m'accueillir à la gare avec un panneau "Welcome".


Et j'ai pu passer Noël en famille, près d'une cheminée, entourée d'amour et de gens. On aurait dit un conte de Dickens.

Et maintenant, à chaque fois que je galère dans les transports et les grèves, je me rappelle de cette journée à la gare de St Pancras, et de ces jours précédent ce voyage, et je me dis que finalement, ça va, j'ai déjà vu pire.

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire